Pour décrypter ce qui fait la singularité de la pratique féminine du football, son style, il est possible de jouer sur la comparaison avec la pratique masculine du même sport. Au premier abord peu de nuances apparaissent. C'est le même stade, les mêmes tenues, les mêmes couleurs, les présentations des équipes sont les mêmes, le même protocole d'avant-match, le même arbitre, la même distribution des joueuses sur le terrain. Pourtant, au fur et à mesure que l'observateur prend du recul, l'oeil le familiarise, le poids de la représentation du jeu masculin s'estompe, émerge un sentiment de limpidité. Le jeu se laisse voir clairement. Ces joueuses possèdent le bagage technique qu'exige la pratique de football de haut niveau. Pour autant, nul ne peut nier les différences en termes d'intensité d'expression des capacités physique c'est pour cela que les règles du jeu sont adaptés à la constitution féminine, les contacts sont donc interdits. Ces précautions prises pour limiter l'engagament physique des femmes, ménager leur corps des dangers de la compétition, illustrent la représentation de la femme, un être naturellement faible et fragile que l'on doit de protéger. En conséquence, les gestes techniques sont réalisés moins rapidement, les contrôles sont plus longs. C'est un premier aspect qui provoque ce sentiment de visibilités. Le second est à relier à la gestion du rapport de forces. Si la dimension physique n'est plus un élément cardinal pour faire pencher le résultat du match en sa faveur, il ne reste plus alors que la suprématie collective. Ce combiné entre un manque de puissance physique et une gestion collective de l'affrontement confère au jeu une certaine morphologie.